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Histoire

RUBEN
J’ai toujours su que mon frère ne serait pas le patriarche de la famille. Déjà petit, lorsque nous étions dans notre maison de Montpellier, bien avant la naissance de Matthieu et Charlotte, il se laissait porter par la vie. Je tenais le rôle de grand frère… Face à mon grand frère.
Alors, il est clair que lorsque notre famille a éclaté, je ne comptais pas sur lui pour faire quoique ce soit. J’ai du réconforter les deux derniers, rassurer l’ainée des soeurs, dire à l’avant-dernière qu’elle n’avait rien à craindre, que tout irait pour le mieux, qu’elle pouvait compter sur nous - mais pas sur lui. J’ai toujours su qu’à un moment ou un autre ses rêves d’évasion finiraient par prendre le dessus.
Notre relation a commencé à se dégrader lorsque nous avions déménagé au Portugal. A 13 ans, Raph’ ne souhaitait pas partir de Montpellier, ni quitter ses potes ! Au contraire, il avait supplié nos parents de rester. Mais pour eux, vivre prés de Porto était une opportunité à ne pas manquer… Et ils avaient raison : cela a sauvé leur mariage pour une dizaine d’année encore… Mais Raph’ ne s’y est jamais fait.
Et a 18 ans, il était parti : il devenait pompier à Montpellier, retrouver ses traces et renouer avec nos grand-parents… Nous laissant seuls, mes soeurs, mon frère et moi avec notre famille en détresse.

VIOLET
Je me souviendrai toujours de mon grand-frère comme un être angélique… Raphaël avait des défauts mais il était loin d’être le Diable. Il essayait de faire du mieux qu’il pouvait : entre son mal-être, la discorde avec Ruben et la dépression de notre mère.
J’ai toujours été très proche de lui. Quand nous avions déménage à Porto, il faisait en sorte de me protéger des filles de l’école. Il a caché ma relation avec un homme beaucoup plus vieux que moi lorsque j’ai eu 16 ans, il m’a accueillie quand je n’en pouvais plus de ma famille, quand je souhaitais moi aussi faire des études en France.
Je l’ai soutenu autant qu’il m’a soutenue et je pourrais décrocher la lune pour lui. Je ne sais pas réellement d’où lui vient cette soudaine passion pour les chevaux… Je crois qu’il est tombé amoureux de ces animaux quand nous restions des heures durant dans le prés des chevaux gris de notre voisin…
Cela n’a pas réveillé la même fibre pour moi. Et je suis curieuse de savoir comment il se comporte avec eux.

CATARINA
Mon frère a toujours eu tendance à être un casse-cou. Moins que Ruben car bien plus délicat, mais il a toujours fait cela pour me faire rire. Je lui en veux d’être parti. Et d’un autre côté : je le comprends. Je souhaite aussi m’en aller, mais je ne peux pas abandonner Matthieu et Charlotte.
Quand il décida de se réorienter en quittant les pompiers et en devenant maréchal-ferrant, notre père divorça enfin de notre mère. Nous étions libérés, et nous retournions à la maison, à Montpellier.
Pendant ce temps-là, pas trop de nouvelles de notre grand frère qui avait toujours su nous faire rire à table… La maison était bien triste… Et rien n’était plus jamais pareil.

MATTHIEU
Moi j’voulais être comme Ruben : charismatique, imposant et la tête sur les épaules ! Mais j’voulais aussi être comme Raph… Drôle, libre et optimiste. Mais courageux avant tout. Lui, contrairement à nous tous, a osé s’en aller. C’est pour cela aussi que j’ai la haine contre lui : il est parti. Loin de nous. Il a fui alors que Ruben est resté, alors que Cat’ est toujours là, alors que Chuck quémande encore son grand frère qu’elle ne connait quasiment pas…
J'aimerais lui en vouloir à ne plus lui parler mais c'est plus fort que moi : quand il revient, j'essaie de faire en sorte qu'il reste...
J'avais encore de l'espoir : il avait une fiancée, un taff qu'il aimait bien... Mais le voilà reparti vers d'autres horizons avec cette académie équestre nomade...

CHARLOTTE
Raph’ n’est qu’un con. Il n’a absolument rien à me dire sur ma vie et ce que je dois faire. S’il ose me dire que je dois réviser pour le bac, j’vous jure que je lui en colle une ! Il essaie de revenir dans nos vies et il repart aussitôt ! Pendant ce temps, nous, on souffre. Il est heureux ? Et bien qu’il soit heureux loin de nous !
La dernière fois, il avait osé ramener une fille qu’il avait rencontré en Allemagne, une Leeloo. Une grande blonde qui peinait à aligner trois mots de français… Une copine de son meilleur ami, soit disant… Je peux vous dire qu’elle n’a pas fait long feu. Puis, je crois qu’elle a capté qu’elle était fiancée à un lâche. Ça calme l’égo soudainement !
Je le déteste d’être parti.
Je le déteste de nous avoir abandonné.
Je le déteste de nous avoir oublié.

Raphaël a déménagé à Porto, au Portugal, lorsqu'il avait 13 ans. A ses 18 ans, il retourne sur Montpellier et devient pompier titulaire. Jusqu'à l'année de ses 25 ans, il fait ce métier mais une autre passion le dévore : les chevaux. Il choisit de se réorienter et devient maréchal-ferrant pour le compte d'une écurie. Entre-temps, ses parents divorcent, son père craque : leur mère est de plus en plus désespérée. Toute la famille Navarro retourne en France, avec leur père. C'est pendant cette aventure, dans cette écurie proche de la frontière suisse, qu'il rencontre Niklas Hartmann et se lient d'amitiés. C'est aussi grâce à l'allemand qu'il rencontre celle qui sera sa fiancée : Leeloo. Mais leur relation ne fonctionne pas. Ils se quittent. Niklas est, pendant 3 ans, un vétérinaire de quarantaine pour le compte d'une écurie nomade : tous les 4 mois, il s'envole pour un pays pendant 2 semaines... Raph' décide de le suivre quand ce dernier décide de poser ses valises dans ce haras qui se nomme Full Horse.