Histoire

« ça aurait dû être moi… »
Une phrase qui résonna dans la tête de Santana pendant plus d’un an… Et même plus...

C’était la soirée de son dix-huitième anniversaire. Elle devait la passer avec son petit ami avec qui elle sortait depuis cinq mois. Elle était heureuse. Cette soirée, elle l’avait longuement préparé. Avec l’aide de sa meilleure amie, elle avait décidé ce qu’elle porterait ce soir là. Son petit ami avait proposé de l’emmener dans un bar où il allait régulièrement, et elle avait accepté.
Pendant cette soirée, ils burent énormément d’alcool. Plus qu’elle n’en avait jamais bu par le passé sûrement. Puis il fallut rentrer…

Il se mit au volant. Elle ne protesta pas, n’étant pas en état de lui dire que ce n’était pas raisonnable du tout. Elle avait la tête qui tournait, voyait trouble. Il n’était pas dans un meilleur état qu’elle mais décida de rentrer en voiture quand même.
Tout se passa très vite. Un peu plus loin dans la rue, un camion venait d’une rue de droite. Un simple stop oublié...
Il y eut un grand bruit de tôle brisé, une odeur de fumée…
Puis plus rien. Le trou noir.

Le lendemain, lorsqu’elle se réveilla dans un lit d’hôpital, elle mit un moment à se souvenir de ce qu’il s’était passé. Puis tout lui revint, comme un flash. Elle revit tout. La voiture. Le camion. La peur dans le regard de son petit ami. Le choc.
Elle demanda aussitôt de ses nouvelles. Il n’avait pas survécut. A partit de ce moment, ce fut le début de la fin…

Elle tomba en dépression. Pendant un bon mois, personne ne vit rien. Ils pensaient tous qu’elle était simplement triste, qu’elle s’en voulait, mais que ce n’était pas si grave que ça. Qu’elle allait s’en remettre. Ils se trompaient…

Ça aurait du être moi…

Seule dans sa chambre, Santana avait cette phrase qui lui tournait en boucle dans la tête. Quoi qu’elle fasse, cette phrase revenait. Elle n’avait plus vraiment dormi depuis l’accident. Ses nuits étaient composées de brefs moments où elle finissait par sombrer dans un sommeil agité, lorsqu’elle avait atteint la limite de la fatigue, et de réveils brutaux, après qu’elle eut, une fois de plus, revu le film de l’accident lors de ses rêves.

Ça aurait du être moi…

Elle commença à se mutiler. Puis tenta une première fois de se suicider, sans succès. Une fois de plus, personne ne vit rien. Sa mère la laissait seule, pensant qu’elle n’avait pas envie de parler. Et son père ? Elle n’en avait pas. Elle ne l’avait jamais connu. Il n'était pas mort. Il n'était juste pas au courant de sa naissance. Mais ça, c'était une autre histoire...
Elle tenta une seconde fois de se suicider. Et cette fois, elle réussit presque. Elle finit à l’hôpital, où on lui fit un lavage d’estomac pour enlever toute la saloperie de médicaments qu’elle avait pris. Et sa mère décida de la mettre dans un hôpital psychiatrique « pour que tu ailles mieux ».

Elle y resta un an.
La pire année de sa vie. Devant tout le monde, elle faisait semblant d’aller mieux. Comme si elle commençait doucement à tourner la page. Mais en réalité, il n’en était rien. La phrase continuait de tourner dans sa tête. Elle continuait de revivre la scène dès qu’elle fermait les yeux. Elle était loin d’être sauvée… Et les médecins ne voyaient rien.

Ça aurait du être moi…

Elle finit tout de même par sortir de cet hôpital, les médecins décidant « qu’elle avait tourné la page, et qu’elle n’avait plus qu’à reprendre sa vie comme avant ». Si simple à dire. Tellement compliqué à faire.
Sauf que voila. Elle avait dix neuf ans, et qu'il était plus que temps qu’elle décide ce qu’elle voulait faire. Elle ne pouvait pas passer ses journées chez elle, sans rien fait. Sauf qu’elle n’avait pas d’idées. Qu’elle ne voulait toujours pas parler. Alors, sa mère se tourna vers d’autres personnes.

« Elle a déjà fait de l’équitation ?
- Plusieurs fois oui, quand elle était plus jeune. Elle a arrêtée à 15 ans.
- Quel niveau ?
- Galop 3 à peu près je crois.
- Parfait ! »

Et c’est ainsi qu’elle se retrouva à Full horse.
Sans qu’elle ne l’ait décidé. Sans qu’elle ne soit décidée à aller mieux. Sans qu'elle n'ait tournée la page.
Et sans qu’elle ne se doute une seule seconde que dans cette école, elle allait rencontrer son demi-frère…

Ça aurait du être moi…