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Histoire

Maylone venait de s'asseoir sur son siège, l'avion n'allait pas tarder à décoller. Il regarda par le hublot le tarmac. Ca y est, il tournait la page, il décollait vers une nouvelle vie et il n'y croyait toujours pas. Il avait fallu qu'il croise la route de trois personnes sur son chemin, durant ces quelques années pour qu'il en arrive à prendre cette décision, à faire honneur à son défunt père et à suivre pleinement sa voie. A avoir ce fameux déclic. Et il pensait actuellement à ces trois personnes. Ces trois personnes qui inconsciemment l'avait mis sur la voie de cette nouvelle vie, qui avait eu un impact sur son présent et qui aurait un impact sur son futur à Full Horse. Oui. Il pensait au recruteur qui venait de lui offrir une belle opportunité, à Marc de l'avoir mis au pied du mur et à cette personne de confiance qu'il rejoignait sans qu'elle ne soit au courant de quoi que ce soit.

*** Flash back n°1 ***

Recruteur – Je sais que c'est une question bateau mais pourquoi je vous choisirais vous et pas un autre ?

L'entretien était sur le point d'être terminé. Et May' était d'accord avec son recruteur. Il détestait cette question, pour autant, y répondre ne lui posait aucun problème. Sincère et bien dans ses baskets, sa réponse passerait ou ne passerait pas. Il n'y avait que ces deux choix possibles tant il ne cachait rien de son état d'esprit ni de sa situation actuelle.

Maylone – Pourquoi me choisir ? Parce que j'ai été un petit con et que j'ai fait pleins de conneries quand j'étais adolescent mais que maintenant je me focalise uniquement sur le métier que je souhaite exercer. Parce que je n'ai aucune attache, j'ai été marié, j'ai divorcé, je n'ai plus de liens avec ma mère depuis fort longtemps et mon père est décédé donc je peux vous affirmer que la seule chose qui compte en ce moment dans ma vie c'est de devenir coach de Horse Ball. Et puis j'ai toujours voulu enseigner, faire évoluer une équipe, des cavaliers, des personnes. Devenir coach c'est comme essayer d'être un bon père de famille pour les cavaliers, avec ses hauts et ses bas bien sûr. Bref, c'est le rôle que j'ai choisi de suivre et de vivre.

Il avait été sincère. Il avait parlé avec le cœur. May' était parti de l'entretien un peu sceptique. Il était sûr de l'avoir loupé. Mais visiblement, Maylone avait plu à son recruteur car il avait été sélectionné. Quelle joie. Aux Etats Unis, ce c*nnard de Marc lui mettait des bâtons dans les roues. Il était bloqué. May' avait donc décidé de voir plus large. Et quel large ! May' était sur le point d'intégrer une académie nomade qui parcourait le monde. Il était excité. Il était heureux de partir loin, loin de son ancienne vie.

*** Flash back n°2 ***

Maylone avait donné plusieurs coups contre son casier, il était énervé, il n'en pouvait plus de Marc. Son coach le poussait dans des retranchements obscurs comme toute l'équipe de Horse Ball d'ailleurs. Il était à bout de ce qu'il pouvait supporter, il était à bout de ce comportement pervers, sadique du coach et de ces méthodes peu conventionnelles. Il se demandait pourquoi il était toujours entraîneur, pourquoi il était toujours en poste, pourquoi il enseignait tout simplement. Marc, en plus de son côté manipulateur ne savait pas y faire avec les cavaliers, il les rabaissait constamment, les critiquait, les manipulait un par un pour arriver à ses fins. Lui, il n'en pouvait déjà plus et pourtant il lui en fallait beaucoup pour exploser. Alors s'il explosait, est ce que c'était le début de la fin ? Qui serait le suivant ? Quels seraient les dégâts à prévoir ? Est ce que les nouvelles recrues allaient tenir ? Et les anciens ? En tout cas, May' voyait déjà les dégâts sur lui. Il avait voulu se soulager en tapant contre son casier mais sa main n'avait pas trop apprécié, il s'était donc ouvert au niveau des phalanges, le sang coulait et ses doigts lui faisaient mal. Il s'énerva davantage, grognant sur lui-même. May' tellement énervé ne s'était pas aperçu qu'il avait laisser la porte ouverte du vestiaire. Trop tard. May' fusilla du regard la personne qui venait de rentrer : Arélïa.

Maylone - P'tin il ne manquait plus que toi. Tu ne dis rien à personne où tu vas passer un p*tin de mauvais entraînement.

Maylone retapa une nouvelle fois contre le casier. Arélïa était une personne qu'il ne connaissait que très peu, elle intégrait l'équipe pour certains matchs ou certains mois uniquement. Il ne comprenait donc clairement pas pourquoi elle était là. Enfin si, il manquait de joueurs/joueuses en ce moment. Mais bon... Maylone avait énormément de mal à la cerner la princesse et à comprendre pourquoi elle montait à cheval, elle était sur un terrain de Horse Ball plutôt que dans un salon de beauté. Maylone s'attachait à ce qu'il voyait et la blonde avait fait ses preuves avec lui donc même si son attitude l'interpellait, le dérangeait, il était plutôt rassurée sur le fait qu'elle mettait tout son cœur dans les entraînements ou matchs. Le jeune homme observa donc sa coéquipière, la colère en suspend.

Arélïa était arrivée dans le couloir. Elle avait juste voulu se diriger vers le vestiaire des filles. La porte du vestiaire des garçons étant grande ouverte, elle avait donc vu Maylone s'énerver depuis le début et lui faisait face. Elle ne broncha pas, le regarda de haut en bas et se dirigea comme si de rien n'était vers les vestiaires féminins, claquant la porte derrière elle. L'islandaise entendait son coéquipier s'énerver dans la pièce d'à côté. Et elle en prenait pour son grade en prime. Arélïa sourit. Maylone allait être surpris. Après avoir rassemblé ce dont elle avait besoin, Arélïa retourna dans le vestiaire des hommes, s'approcha d'un Maylone perplexe et furibond.

Maylone - Je ne t'aime pas, t'es pas mon genre.
Arélïa – C'est bien, c'est pareil de mon côté. Tu veux que j'appelle ton harem ? Il doit y a voir deux trois filles qui traînent dans les écuries. Elle rêêêverait de te soigner !
Maylone – T'es jalouse ?
Arélïa – Absolument pas.
Maylone - Tu n'as pas intérêt à en parler, personne ne doit savoir.
Arélïa – Ta menace ne me fait pas peur May'. Autant te dire que je serais plutôt ravie que je sois ton bouc émissaire plutôt qu'être celui de Marc.
Maylone – Te plains pas c'est que ton second entraînement avec lui. Pourquoi tu m'aides ?
Arélïa – Il faut se serrer les coudes May'. On est foutus sinon. Donne ta main
Maylone - T'es louche comme fille.
Arélïa - Merci pour le compliment ça me va droit au cœur. Je vais te strapper tous les doigts, il n'y verra que du feu sauf si ça ressaigne.
Maylone - Le pire c'est que t'en à rien à faire de ce qu'on te dit.
Arélïa - Franchement oui. C'est fini, tu peux bouger tes doigts ?
Maylone - Merci. Outch je me suis pas loupé, je ne peux pas les plier jusqu'au bout.
Arélïa - May' si tu te mets dans un état pareil, qu'est ce que ce sera la suite ?
Maylone -  Mais qu'est ce que tu en as à faire ?
Arélïa – On est une équipe. Et parce que j'ai envie de lui en coller une aussi.
Maylone – Toi ? Déjà ? Alors que tu le côtoies que depuis quelques jours ! Et tu veux faire quoi ?
Arélïa – Partir.
Maylone – Je ne peux pas partir. Il peut m'aider à devenir entraîneur.
Arélïa – Ah parce que tu veux être comme lui ?
Maylone – Non. Pas du tout.
Arélïa – Il ne t'aidera pas à devenir entraîneur alors. Peut être un vrai c*nnard par contre.
Maylone – Tu n'as pas ta langue dans ta poche la blonde.
Arélïa –  Je t'ai entendu, tu penses toi-même qu'il te retourne le cerveau. Pars avant qu'il ne le fasse vraiment.
Maylone – Il m'a dit que je n'aurais aucune chance sans lui.
Arélïa –  Tu n'as aucune chance avec lui. Tu es bon cavalier, et tu es bon formateur, la preuve, combien de cavaliers te demandent des cours particuliers dès qu'il a le dos tourné. Même dans l'équipe, on progresse plus avec toi qu'avec lui. Si tu restes, il finira par te formater.
Maylone - Oui mais il a une technicité que je n'ai pas.
Arélïa –  Maylone ne te réveilles pas trop tard. Devenir coach est ton but ultime, bats toi pour ça, prends les décisions en fonction même si ça te plonge dans l'inconnu, Marc ne doit pas être un obstacle.
Maylone – Elles sont belles tes paroles mais il est l'heure de revenir à la dure réalité la vie. T'es prête à vivre un enfer ?
Arélïa – Parle pour toi. Ca va aller tu penses ?
Maylone – Je n'arriverais pas à attraper le ballon de cette main.
Arélïa – Oh tu n'arriveras pas tout court, je l'intercepterais avant.
Maylone – Ouai c'est ça.

Et c'est ce qui se passa pendant tout l'entraînement. L'islandaise passa son temps à le marquer, à avoir un temps d'avance sur lui et Des Larmes, son cheval. Maylone avait vite compris le stratagème de la blonde et avait très vite réagi pour rentrer dans le jeu d'Arélïa. Elle tentait de faire au mieux pour éviter que Marc repère sa faiblesse. Il faisait alors semblant de s'énerver, de faire le maximum sans le faire véritablement. Arélïa lui avait sauvé la mise sur ce coup là. L'entraînement s'était tout de même terminé sous un concert de reproches de la part de Marc. Maylone se manifesta, furieux de ce commentaire de fin et comme à chaque fois qu'un cavalier osait hausser le ton, il se retrouvait convoquer dans son bureau et Maylone ne voulait absolument pas fermer les écuries avec Marc. Cette idée lui déplaisait. Quand ils sortirent, Maylone vit l'islandaise donner à manger aux chevaux, Marc somma Maylone d'aller aider la jeune femme. Maylone attendit que Marc démarre son 4x4 pour parler avec Arélïa.

Maylone - Rassure moi on n'est pas amis.
Arélïa - Non. Je fais juste mon job de coéquipière sous couvert de confidence point. Tu as toutes les filles à tes pieds pour se charger de tes états d'âmes et tout le reste.
Maylone – Ouai bah j'aime pas ça être le plus bel homme des écuries.
Arélïa – Tu me permettras d'en douter.
Maylone – Je suis à l'aise avec les filles qui me plaisent pas mais dès qu'il y en a une qui me plaît je ne sais plus quoi faire.
Arélïa – Déjà tu peux commencer par te débarrasser de tes groupies ?
Maylone - C'est super difficile.
Arélïa - Oh pauvre chou.
Maylone - J'aime Fauve.
Arélïa – Okay. Bonne chance May' ! Mon rôle s'arrête ici ! Tu vas bien trouver quelqu'un qui t'écoutera.

***

Maylone repensait à cet épisode, cette conversation. Au final, Arélïa et lui n'avaient jamais vraiment été amis, non juste des coéquipiers complices qui s'entraidaient et se soutenaient. Même avec le temps, même lorsqu'Arélïa lui avait confié sa jument North' pour une saison de horse ball, leur relation n'avait jamais pris un vrai tournant amical. La faute à Fauve. Encore. Et aujourd'hui, après avoir perdu tous ses amis à cause de son ex femme, après avoir coupé les ponts avec sa famille, il s'apprêtait à rejoindre Arélïa à Full Horse. Il n'y croyait pas lui même mais il devait se l'avouer. Cette fille était la seule personne en qui il avait véritablement confiance après avoir tout perdu.