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Histoire

Miranda Develours surveillait discrètement sa fille alors qu’elle mimait d’être absorbée par son travail. Son choix était difficile, définitivement difficile. Bien plus difficile qu’il ne l’avait été il y a dix-neuf ans quand elle avait dû quitter le père d’Ambroise. Car aujourd’hui, on parlait de sa propre fille.
Ambroise avait 18ans désormais, elle devait choisir une voie professionnelle et souhaitait travailler avec sa mère. Si l’inverse aurait déçu et humilié Miranda, cet état de fait l’inquiètait un peu. En effet, Miranda Develours était dans le top dix des Bookmakers les plus prisé de la région et c’était en vérité, autant une affaire de personnalité que d’intelligence. La concurrence était, rude, pouvait aller parfois jusqu’à être dangereuse. Ambroise avait-elle ce qu’il fallait ?

Au début, Miranda avait songé que c’était le cas, son enfant était vraiment exactement comme elle. Petite, Ambroise avait un pur feu en elle, un feu sauvage, domptable évidement mais qui ne cessait de consumer toutes les barrières qui le retenait. Souvent, il fallait lui permettre de se défouler sans quoi la vie devenait impossible. La petite refusait tout ordre qu’elle ne comprenait pas, toute autorité non soigneusement établie, longtemps elle avait dit non à tout et avait toujours principalement agit en son unique intérêt, sans méchanceté mais sans considération pour les besoins d’autrui. Ce qu’elle fait encore régulièrement d’ailleurs et ce que sa mère encourage largement.

C’est au début de l’adolescence d‘Ambroise que Miranda avait commencé à avoir un doute sur son potentiel. Lorsque cette froideur arrogante, intouchable, s’était diluée dans le besoin de plaire aux autres et dans la découverte que la douleur provoquée aux autres lui revenait dans le cœur comme une brulure d’acide. Pour cela, Miranda se reprochait un peu le choix du père, car il était certain que cette profonde douceur pour tout le monde venait de lui. Elle, elle savait contrôler pour qui avoir des sentiments, mais jamais elle ne réussit à l’inculquer à sa fille.

En même temps, cette empathie lui avait servi à Miranda. Dès l’adolescence de sa fille, elle l’emmenait le week-end aux courses pour commencer à l’initier et plus que ça, Ambroise avait un instinct pour dire quel cheval était en forme psychique ou non. Rien de foncièrement exceptionnel mais cela avait évité à la bookmakeuse deux ou trois grosses pertes et permis une sublime victoire à elle et ses clients en changeant ses jeux au dernier moment.

Autour de cette époque, la jeune fille fut alors partagée entre apprendre le métier de sa mère et s’intéresser aux apprentis des différentes écuries tout en utilisant son talent pour les amuser et briller. Rapidement, elle présenta des signes d’intérêt excessif pour les paris qui explosa après sa majorité. Mais pour Miranda, on parie pour l’argent, pas pour le plaisir. Or surtout l’adrénaline comptait pour Ambroise : apportés par les effusions des autres jeunes, puis finalement pour le plaisir pur du jeu.
Miranda devait l’envoyer loin de ça, mais en même temps, sans perdre « ça ». La bookmakeuse était possessive de tous ses bien et refusait de voir sa fille changer vraiment de voie. Elle voulait l’envoyer dans une école qui lui serait toujours utile et où elle apprendrait à voir les chevaux autrement. Et Miranda avait un coup d’avance pour motiver sa fille à viser l’excellence dans cette future école. Il s'avère qu'elle lui avait fait croire qu’elle ne connaissait pas l’identité exacte de son père, prétextant un amant étranger d’un soir dont elle ne connaissait que le prénom. Alors, il lui suffirait de donner à sa fille le nom de cet homme et lui dire qu’il avait été élève à l’académie pour qu’Ambroise le cherche. Miranda avait toujours conditionné Ambroise à ce que si on voulait quelque chose de quelqu’un, surtout sur le plan émotionnel, il fallait être exceptionnel. Jamais Ambroise ne se présenterait à son père sans avoir fini le cursus scolaire du haras et à la première place.

Evidemment, Miranda supposait que la jeune fille la haïrait sur le coup, mais elle le fera de l’autre bout du monde. De plus, elle restera durement motivée par son objectif et, avec de la chance, se désintéressera un peu des paris stupidement réalisés pour le besoin de vibrer. Et puis, finalement, une véritable haine ne dure pas, c’est trop de travail ; il faut se venger ou pardonner. Le cœur de Miranda reprit vit : dans trois ou quatres ans peut être, elle reverrait son ancien mari.