Histoire

Tu es anorexique Edwin.
Ce mot. Ce mot, qu’il s’était interdit de prononcer depuis presque un an. Non, il n’était pas ano… C’était n’importe quoi. Il allait bien. Il allait très bien même. Ses parents disaient n’importe quoi. Il allait bien. Il allait toujours bien.  

FlashBack :
Le jeune homme était assit sur le canapé du salon, sa mère à côté de lui et son père dans un fauteuil juste en face. Il ne savait pas pourquoi ses parents lui avaient demandés de descendre. Apparemment, ils voulaient parler, mais Edwin ne savait pas du tout de quoi. Cependant, cela ne le stressait pas. Il ne pouvait pas avoir fait quelque chose de mal, c’était impossible. Il ne faisait jamais rien de mal.

- Tu devrais te faire aider Edwin, ça ne peut plus continuer comme ça.

Là par contre, il ne la suivait pas du tout. Il ne comprenait pas du tout de quoi elle parlait…

- Qu’est-ce qui ne peut plus continuer ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.
- Arrête de faire comme si tu ne comprenais pas.
- Mais je ne comprends pas de quoi tu parles, vraiment.

Il ne faisait pas semblant de ne pas comprendre. Il était largué, complètement largué. Il ne comprenait pas où ses parents voulaient en venir et à vrai dire, cela commençait à le stresser. Il ne supportait pas de ne pas être au courant. Il devait toujours tout savoir, tout prévoir. Rien ne devait arriver s’il ne l’avait pas prévu. Il avait tout sous contrôle. Il avait toujours tout sous contrôle.

- De ton poids Edwin. Ton poids.
- Qu’est-ce qu’il a mon poids ? Je vais très bien.
- Tu es anorexique Edwin.
- Non.
- Tu devrais te faire aider.
- Je ne le suis pas. Arrêter de dire n’importe quoi. Je vais bien. Je vous jure que je vais bien. Je vais toujours bien.
Fin du FlashBack

En vérité, non, Edwin n’allait pas bien, même s’il était incapable de l’admettre. Il ne pouvait pas dire qu’il avait un problème car cela reviendrait à dire qu’il avait besoin d’aide, qu’il ne contrôlait pas ce qu’il se passait. Et ça non, jamais.

Tout avait commencé un an plus tôt. Il était dans la salle de bain, en train de se regarder sous toutes les coutures pour vérifier s’il était toujours parfait lorsqu’il ne s’était plus trouvé parfait du tout.

Je suis gros.

Cette phrase s’était soudainement imposée dans son esprit et il avait été incapable de penser à autre chose pendant presque une semaine. Cela ne pouvait plus continuer, il devait régler ce problème. Edwin réglait toujours ses problèmes.
Aussi, il avait commencé à manger de moins en moins. Pour ne pas alarmer ses parents, il avait commencé par réduire le pain, les gâteaux qu’il mangeait en dehors des repas et par manger moins au petit déjeuner. Mais il n’avait pas trouvé cela satisfaisant. Il se trouvait toujours gros.
Il était donc passé à l’étape suivante. Il continuait de manger pendant les repas pour être sûr de ne pas avoir de remarques de la part de sa famille mais allait ensuite se faire vomir. Histoire d’être sûr de ne pas prendre un kilo.

Au début, il contrôlait la situation. Ou faisait semblant, du moins. Mais plus les jours passaient, et moins il pouvait s’en empêcher. Il avait commencé par le faire deux fois par semaine. Puis tous les deux jours. Puis une fois par jour. Et finalement après chaque repas… C’était devenu une véritable addiction. Il était incapable de manger sans aller se faire vomir par la suite.

Et même s’il ne voulait pas l’admettre, et ne l’admettrais jamais, il était incapable de s’en sortir seul. La situation lui avait échappée, complètement…


Cependant, ses parents ne l’ont pas laissé tranquille, loin de là. Leur insistance pour qu’il aille voir un spécialiste devenait franchement agaçante pour le jeune homme et il décida sur un coup de tête de prendre les voiles. Le seul problème était de savoir où aller… Il se souvient alors que sa cousine, Laurie, était partie dans une académie équestre. Il avait monté pendant quelques années lorsqu’il était plus jeune dans un ranch assez proche de chez lui et pourrait donc trouver sa place dans cette école. De plus, il s’était toujours bien entendu avec sa cousine et était donc sûr de ne pas se faire jeter lorsqu’il arriverait.

C’est donc sans l’accord de ses parents qu’il s’envola pour Full horse, espérant laisser derrière lui les insistances de sa famille. Il ne savait pas qu’il ne serait jamais tranquille… et surtout pas à Full horse.