Annonces

Histoire

Ô Andalusia
Flavio est un jeune homme made in Andalousie. Il connait quelques pas de danse de Flamenco - apparemment, c’était bien pour plaire aux filles - ; trois à quatre accords de guitares et beaucoup de chansons andalouses qui s’évaporent dans les airs de sa belle voix. Mais Flavio, c’est le jeune homme issu d’une de ces familles prestigieuses, celles qu’il ne faut pas défier ni contester. Flavio, il faisait parti de la haute sphère, celle qui ne permet pas de découvrir le bas-monde et ses beautés. Flavio, c’était le jeune garçon timide qui ne voulait pas sortir de son cocon doré. Alors Flavio, il s’est réfugié dans les écuries qui appartenaient à sa belle-mère (puisque la sienne n’a jamais été acceptée chez les Sanchez) et se baladait, parfois tard dans la journée, à travers les box des prestigieux Pure Race Espagnole (ou Lusitaniens). Sa classe et son élégance de cavalier, il les a acquises sur un grand gris répondant au nom de Picasso, nom donné en l’honneur du peintre - qui avait aussi droit à un musée à Málaga. Son enfance et son adolescence, Flavio la passa dans les quartiers huppés de sa ville natale, ne se doutant pas du reste du monde.

Une étoile comme une autre
Habitué à vivre dans les tons dédaigneux et dans les airs méprisants pour plaire à la bourgeoisie andalouse - avec ses bonnes manières et ses sourires hypocrites - Flavio n’avait jamais pensé pouvoir connaitre un autre chemin que celui qu’on lui avait prescrit : devenir un homme d’affaire redoutable de l’Espagne. Espagne a la dérive suite aux décisions de députés européens et de crises économiques terrible. Les Sanchez s’étaient donnés comme mission de redresser le pays - ou tout du-moins, la région.

Flavio avait baigné dans cet objectif, depuis tout petit. Sa mère l’y encourageait, espérant avoir encore une emprise sur son fils et sa fille à l’avenir.

Mais c’est durant son adolescence que le jeune homme capta toute la subtilité et la beauté de la vie. C’est lors de son adolescence, et lors de sa rencontre avec Pepe, le palefrenier en chef des écuries de sa belle-mère, que tout bascula. Sa façon de penser, ses manières et son objectif de vie. Flavio ne souhaitait plus être un grand homme d’affaires puant et inhumain.

Leur rencontre s’était déroulée dans les règles de l’art ; le scénario basique du petit bourgeois insultant à l’égard de la petite main. Le palefrenier qui le bouscule, l’adolescent qui pique une crise et les murs qui tremblent par tant de tensions : Pepe n’avait rien dit. L’homme avait observé. En prés de vingt ans de carrière dans le monde équin, et malgré les déboires et les mauvaises rencontres, jamais il n’avait vu quelqu’un d’aussi peu enclin à regarder l’autre. Par regarder l’autre, il pensait : découvrir l’autre. Jamais il n’avait vu un adolescent aussi bien dans son cocon et aussi effrayé à l’idée d’en sortir. Découvrir l’inconnu.
Un jour, alors que l’été pointait timidement son nez, Flavio rentrait de cours et recommença son caprice et son envie massacrante d’humilier quelqu’un. Pepe n’avait pas à supporter le mal-être d’un gosse de riche : il avait fait ce qu’il savait faire de mieux, être lui-même. Les mots qu’il avait employé face à l’adolescent avait le même effet qu’un coup de massue, mais ce n’était pas les os qui se faisaient fracasser mais bien l’égo de Flavio. Si bien que le jeune homme était resté mué quelques jours.

Le pire dans l’histoire ? A ce jour, même si Flavio était reconnaissant envers Pepe, il n’a aucun souvenir des mots-poignards qu’il s’était pris.

Se remplir des autres
S’en était suivi des mois de remises en question. Flavio n’était pas bête, ni inhumain, il avait seulement été élevé à l’encontre de ce qu’il était réellement. Il s’était réfugié dans la provocation et le mépris pour s’oublier.
Il avait eu le courage de revenir vers Pepe et de s’excuser. Le palefrenier, tout autant surpris qu’heureux, avait accepté les excuses de l’adolescent.
Leur relation ne fut pas fusionnelle dans l’immédiat, mais l’attachement pour le jeune homme oui.

Pepe se chargea de le prendre sous son aile et de présenter le reste de l’équipe à Flavio.
De là, l’adolescent rencontra quelques personnes, cavaliers, palefreniers et groom venant d’un monde différent du sien et surtout : tout aussi variés les uns des autres. Sonia était fille de dentiste et venait de Séville, mais elle avait choisi la voie difficile de l’équitation pour vivre de sa passion. Reniée, elle avait du apprendre à vivre seule. Isabella, elle, était fille de cavaliers et entrainait les étalons de l’allée C. Elle avait vécu beaucoup de choses. Les trois autres palefreniers, Juan (qui fut SDF), Rico (qui avait grandi à travers les foyers et la misère) et Nina (la fille de Pepe) n’avait pas tout de suite accrochés avec Flavio. Se méfiant sûrement du fait qu’il était le fils du patron (et le beau-fils de la grande patronne).
C’est aussi à ce moment-là que Flavio se battit pour prouver qui il était : et ce ne fut pas facile.
Etant né avec une cuillère en argent dans la bouche, il avait fait quelques maladresses, avait voulu abandonner plusieurs fois mais s’était relevé malgré tout. Les palefreniers n’avaient pas été tendres avec lui, mais avec persévérance et valeurs, il avait réussi à conquérir leur respect.

Tout cela parce qu’il avait permis à Nina de ne pas se faire licencier. C’est la jeune femme (à peine plus âgée que lui) qui avait plaidé sa cause.
Et ils n’ont jamais révélé quel a été l’objet de leur soudaine amitié.

La soif de découverte.
C’est Nina qui lui avait présenté Estrella, une grande Irish Cob. Faites pour la balade, la jument a été en pension dans l’écurie de sa belle-mère. Evidemment, la grande pie faisait un peu tâche entourée des chevaux ibériques. Mais c’est cette différence et cette autre élégance qui attirèrent Flavio.
Il en tomba amoureux.

Les années étaient passées, et pourtant, le jeune homme n’abandonna pas sa passion pour les Cob. Evidemment, tout ceci ne suffisait plus. Il s’était mis à genoux pour demander à son père de passer quelques mois en Irlande.

« C’est pour perfectionner mon anglais » « Je ferais des cours » « Je serais plus indépendant au retour… » étaient ses arguments de vente. Son père ne s’était jamais douté du plan qu’il avait derrière la tête. Monsieur Sanchez se chargea du voyage de son fils : tout était prévu. Un organisme de luxe se chargerait de ses cours et de sa vie irlandaise pendant les vacances d’été. Flavio avait seulement choisi la ville. Par chance, il avait eu le choix d’atterrir dans un pensionnat à Galway et d’avoir la possibilité de découvrir un élevage de Cob pas loin.

C’était aussi lors de ce voyage et de cette prise d’autonomie qu’il tomba amoureux d’autres choses : voyager. La sensation qu’il ressentait lorsqu’il prenait l’avion, l’adrénaline lorsqu’il découvrait de nouveaux paysages, les étoiles dans les yeux en voyant des infrastructures qui ne lui étaient pas familières…
L’adolescent apeuré de sortir de son cercle luxueux était devenu un jeune homme à l’âme aventurière.
Il passa les deux mois les plus merveilleux de sa vie.

Il ne se doutait pas que le retour allait être aussi douloureux.

Devenir un homme
Son père avait remarqué le changement chez son fils, et sa pire crainte se réalisa quelques mois plus tard : Flavio pensait de son propre chef. Il souhaitait vivre sa vie autrement, comme il le souhaitait. Leurs égos masculins se confrontèrent parfois violemment, à un point où Monsieur Sanchez voulut le renier. Plus Flavio grandissait, moins il voulait avoir à faire avec sa famille. Avec l’argent de son père, il partit en voyage, se trouva des projets qu’on ne pouvait lui refuser (de l’Humanitaire principalement). Il avait parcouru l’Asie avec des amis, le Pérou avec un sac dans le dos, avait passé six mois au Quebec et avait aidé à la construction d’une école en Afrique Centrale. Ses vacances, elles duraient deux semaines (c’était court) pour profiter du pays et vivait chez l’habitant. Cuba, les Etats-Unis, Thaïlande, Japon… En presque 3 ans, il avait pratiquement parcouru la Terre. Parfois brièvement.
Entre temps, son père avait essayé de le racheter, se servant de cette passion en argument principal : si tu reprends le flambeau, tu voyageras autant et même plus.

Flavio avait été un fin observateur, et il connaissait les secrets du business : on voyage, mais on ne vit pas. Il voulait vivre.

Monsieur Sanchez pris des décisions plus drastiques, voyant que son fils devenait un vagabond. Il coupa les vivres. C’était la reprise des études (et donc l’entreprise) ou rien. Flavio flâna longtemps, à la recherche d’une réponse. Il avait quelques mois pour se décider. Et finalement, il se résigna. Evidemment, lors de ses breaks il partait en vacances mais elles n’avaient plus la même saveur. Et il revenait dans les même endroits. L’envie en moins. Il passa ses diplômes, au grand bonheur de ses parents et commença à travailler dans les écuries de sa belle-mère, quand il le pouvait.
Il fit la connaissance de Savannah, une jolie Irish Cob qu’il avait acheté. Un coup de foudre et beaucoup de hauts et de bas. Nina l’avait aidé pour la monter, l’entrainer et les avait souvent accompagné.

Mais le naturel revient au galop. Et a la fin de ses études, Flavio craqua. Une dépression minime s’était installé dans sa vie. La vie en noire. Monter à cheval ne suffisait plus. Voyager non plus. Flavio voulait épouser son lit.

C’est en parlant à sa belle-mère, dont il ne soupçonnait pas la compassion, qu’il eut une illumination : Full Horse. Elle avait participé à des concours et des présentations de ses chevaux, connaissait un peu l’Académie et s’était mise en tête que c’était la voie parfaite pour Flavio.
Alors rapidement, le jeune homme avait fait sa valise, s’était donné un an pour convaincre son père et travaillait dur pour récolter un peu d’argent en extra.

Qui aurait cru tout ça ?
Lui, en tout cas, il y croyait, en cette nouvelle vie.