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Histoire

« Telle la colombe, blanche et pure, elle s’est envolée vers la liberté. »

Chenoa Caldwell est la dernière-née d’une grande famille amérindienne, un jour d’automne 1996. Un prénom, Chenoa, signifiant « colombe blanche » un signe d’amour, de paix et de d’espoir. La jeunesse de la jeune femme a été bercée par l’amour de ses deux parents et les chamailleries de ses quatre frères : Paco, Adriel, Isha et Chayton. Enfant, la petite brune a été vite identifiée comme un petit démon, faisant les quatre cents coups avec ses ainés et n’ayant pas froid aux yeux. Elle était régulièrement l’investigatrice de défis plus saugrenus les uns que les autres. Au plus grand damne de ses parents. Un caractère difficile à dompter, mais qui fit naître une relation fusionnelle avec chacun de ses frères.

Les Caldwell sont une des familles pionnières de l’Oklahoma, où les ancêtres familiaux vivaient exclusivement de l’élevage de bisons. Une activité de prédilection et un savoir-faire reconnu et respecté par les autres familles autochtones de l’état avec qui les Caldwell ont des liens étroits. C’est dans ce cadre de vie qu’elle a appris à vivre en symbiose avec la nature, dans les traditions et les cultures amérindiennes, en adéquation avec la Terre, où chaque élément naturel et chaque animal est digne de respect. Une philosophie de vie à laquelle Chenoa est très attachée. Les années passant et avec la nouvelle génération arrivant, la famille de Chenoa prit la décision de développer des activités touristiques dans le domaine : l’élevage de bison perdurerait, mais ils allaient aussi proposer des visites des parcs naturels autour du ranch familial.

C’est d’ailleurs en lien avec l’activité familiale que Chenoa a découvert le monde équin. Les chevaux du ranch ont toujours accompagné l’adolescente et c’est par ce biais que la jeune femme s’est passionnée pour ces animaux. Un être de puissance, de passion et avide de liberté. La jeune femme s’identifiait facilement à ses bêtes et nouait une relation particulière avec chacun d’eux. Fidèle à elle-même et ne rentrant pas dans les conventions, alors qu’autour d’elle tous les cavaliers montaient uniquement pour l'équitation de travail, elle s’entraînait pour de la monte dite western. Le vilain petit canard comme disait régulièrement Paco, l’ainé de la fratrie. Une différence parfois moquée, parfois admirée mais Chenoa n’en avait rien à faire des regards, elle le faisait pour elle. Pour son propre plaisir.

Le temps défila et Chenoa entra dans la vie d’adulte. Une période de sa vie qui la marquera à tout jamais.

« Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest. Il était mon guide. Il s’est envolé sans moi, me laissant errer seule dans la nuit. »

C’est à l’aube de ses 19 ans que la belle amérindienne fit la rencontre de Nash, un New-Yorkais, qui sur un coup de tête avait décidé de changer radicalement de vie. Le jeune homme, fougueux et irraisonnable à bien des égards, était venu directement avec son sac sur le dos démarcher plusieurs familles pour trouver un travail. Homme au grand cœur, patriarche de la famille et personnalité forte de la communauté amérindienne, le père de Chenoa avait accepté d’accueillir Nash dans le domaine et de l’employer au ranch.

Alors que rien ne prédestinait Chenoa à tomber sous le charme du nouvel arrivant : ténébreux, insouciant au caractère un brin dragueur, les choses allèrent très vite. D’employé, il devint un ami, un confident, un complice. Les frontières tombèrent rapidement vers quelque chose de plus personnel, de plus intime, de plus intense. Une passion qu’ils les embrasaient. Ils vécurent une relation unique, certes parfois tumultueuse, mais leurs sentiments étaient bien plus forts que tous les obstacles qu’ils pouvaient rencontrer au quotidien. Un amour qu'on ne rencontre qu’une seule fois dans une vie, comme Nash aimait le dire.

Malheureusement, derrière toutes ses paillettes, la réalité était bien plus difficile. Au cours de leur relation, une leucémie avait été détectée à Nash en février 2017. Si le couple s’était battu trois ans contre cette maladie et après deux rémissions, le corps du jeune homme avait lâchait sous les effets des chimiothérapies. Épuisé, il s’était endormi. Il laissait derrière lui son âme-sœur, des frères de cœur et une famille qui avait tout fait pour l’intégrer au mieux dans la communauté. Tout s’était éteint pour Chenoa. La flamme qui brûlait en elle, cette étincelle qui dansait dans ses yeux n’était plus. Elle s’était envolée avec lui.

Unique héritage de Nash : une lettre, comme un dernier au revoir. Une ode à l’amour que Chenoa ne quittera jamais.

« La souffrance n’endurcit pas. Elle use. Fragilise. Affaiblit. Mais, avec la ténacité de l’âme, même une colombe brisée peut se libérer. »

Se relever avait été difficile pour l’amérindienne. Chenoa avait pris la décision de quitter ses frères, sa mère et son père ainsi que son pays pour se retrouver, pour pouvoir se reconstruire. Elle avait choisi la France. Pourquoi ? Sans aucune raison particulière. Un besoin de respirer, de quitter ce qu’elle avait toujours connu. Un renouveau. Et c’est dans cette nouvelle vie qu’elle se reconstruisit.

Au fil de ses voyages dans le pays, elle eut la chance de rencontrer dans le sud de la France, Léon, un homme d’un âge certain au caractère parfois rigide, mais doté d’une connaissance certaine sur les équidés. Propriétaire d’une écurie et éleveur amateur, Chenoa devint son élève et apprit tout ce qu’elle sait aujourd’hui sur les chevaux. Il était un mentor, un conseiller, une âme à part entière comme une bonne étoile venue sur son chemin pour l’aider à se relever. C’est Léon lui-même qui l’avait orienté vers une formation de sellier harnacher. Une réussite avec brio. Il avait remarqué sa faculté à se servir de ses mains pour embellir tout ce qu’elle touchait. Ce don valait aussi pour les chevaux. Mal en point, blessé ou juste déprimé, elle avait la faculté de les écouter, de les comprendre et de les aider à sa manière. Un état psychique qui l'émerveillait. Finalement, l’élève n’avait-elle pas dépassé le maître ?

Comme toute bonne chose, cette aventure avait une fin. Et Chenoa l’avait compris lorsque Léon avait vendu son écurie pour prendre sa retraite. Un repos bien mérité l’attendait. Une page se tournait et une autre s’ouvrait pour la jeune femme. Il était temps pour elle de vivre une autre aventure, de voler de nouveau de ses propres ailes. Nash veillait sur elle et une petite voix lui disait que tout irait bien. Alors, elle suivit son intuition et décolla pour rejoindre une écurie nomade sur les conseils de Léon : Full Horse.