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Histoire

Né d’Ivar et de Diana. Le fils, unique, héritier d’une grande fortune. Bien né, une cuillère d’argent dans la bouche lui faisant avaler sa soupe quotidienne. La nourrice et la mère, remplaçant le père aux abonnés absents. Le père aimant, mais aux cent affaires. L’empire bâti nécessitant d’être mené d’une main de maître afin d’être légué, en temps voulu, à la progéniture. Une entreprise, des problèmes, dont il ne voudra jamais se préoccuper. Cirila, le premier prénom prononcé. Et la brunette, s’esclaffant avec stupéfaction, le presse contre son énorme poitrine, manquant de l’étouffer. La nourrice, toute sa jeunesse, est le visage qui l’accompagnera partout. Pour cause, il ne connaîtra que l’isolement, contraint à l’éducation à domicile. Rien ne sera assez excellent aux yeux des parents élitistes, mais ô combien désireux de donner à leur fils tout ce qu’il y a de mieux. Le hasard n’a aucune place dans ses premières années de vie. Les valeurs, très tôt, lui sont inculquées. Et pourtant, malgré la discipline, le gamin descend les escalier de la demeure en courant, effectue des cabrioles dans le salon, déguste avec ses doigts les fonds de plats de sa seule amie. Cirila, toujours, tâchera de lui faire conserver un intérêt pour la vie sous sa forme simple.

Vint le silence. Vint l’obscurité. L’oubli, le temps passé sans être vécu un seul instant. Un mois plongé dans le noir le plus complet. L’amour, qui lui a été volé. Et le réveil, laissant entrevoir l’absence. Le regard affolé, porté sur l’entourage. L’essentiel manquant, son cœur à moitié arraché, cognant de toutes ses forces sur ses côtes brisées. Les mots, parfaitement compréhensible, semant l’incompréhension dans son esprit. Les tympans saignants à mesure qu’on lui répète encore et encore la même information. Elle n’est plus là. Un prénom, des souvenirs, des photos, demeurent. Mais la chaire, repose six pieds sous terre. Quant à l’âme, envolée, cherche dans les cieux un repos éternel. Plus jamais, elle ne sera là.

La résignation, un temps, domine son quotidien. Les rêves de liberté laissent place à l’emprisonnement citadin. Les études, prestigieuses, le propulsent dans le monde auquel il a toujours été destiné. L’ennui, omniprésent, le guette. Les mondanités l’étouffent. Préparé depuis son plus jeune âge à se confronter à ce monde de requins, il affronte, à coup de propos cinglants, quiconque se dresse sur son passage. Révolté, au plus profond de son être, par cette décision. Les regrets, les remords, se mêlent. La conscience, surmenée, surchauffe à n’en plus pouvoir. Le chemin n’est pas le bon, il le sait. Les forces sont rassemblées, les démons sont refoulés. Confinés, afin que change sa voie. La Slovénie, sa terre de toujours, disparaît sous ses pieds. Le vol est pris, la terre d’accueil est trouvée. Un diplôme en poche qui ne sera pas utilisé, un Empire qui demeure sans repreneur.

Irlande. Terre de chevaux. Le foyer l’accueille à bras ouverts. Les frères, le cousin, sa dulcinée et leur acolyte. Les nomades retournés là où tout a commencé. S’ensuit plusieurs années de formation à leurs côtés. Avant que vienne son tour, de jouer les globes-trotteur, emmenant à ses côtés le métissage d’un sang irlandais et d’un sang allemand.